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L’Hubris et le rêve de conquérir le ciel

Grégoire Gicquel, Drones militaires, 2014, dessin
Grégoire Gicquel, Drones militaires, 2014, dessin
Grégoire Gicquel, Drones militaires, 2014, dessin

Il y a une quinzaine de jours, nous avons évoqué les quatre grandes vertus cardinales, dont une des plus importantes est la tempérance.

A l’opposé de la tempérance, on peut situer la démesure que les Anciens appelaient l’Hubris. l’Hubris, c’est l’abus de pouvoir orgueilleux, la démesure dont les conséquences sont souvent fatales.

Dans la mythologie grecque, Zeus a reçu la foudre des cyclopes géants, ce qui lui donne le pouvoir de punir ceux qui ne respectent pas ses lois. Ainsi, de nombreux mythes grecs révèlent aux hommes les dangers de l’hubris et la colère des dieux à son propos.

Dans la mythologie, parmi les rêves démesurés des hommes, celui de conquérir le ciel, de voler, est considéré comme extrêmement orgueilleux et doit être puni des dieux. Le ciel appartient aux dieux et les hommes ne doivent pas y avoir accès.

Souvenons-nous de la Tour de Babel !

Quelques mythes qui évoquent l’Hubris 

Le mythe d’Icare : Icare est le fils de Dédale, un ingénieux architecte Crétois dont une des inventions est un labyrinthe qui consistait en une interminable suite de détours qui rend impossible d’en trouver la sortie une fois qu’on y a pénétré. Lui-même y est enfermé par le Roi Minos avec son fils. Désespéré, Dédale imagine une solution brillante pour sortir du labyrinthe : s’échapper par le ciel. Avec de la cire et des plumes, il persuade son fils Icare de s’envoler avec lui. Icare a souvent rêvé d’être un oiseau et l’idée de son père l’exalte. Ils s’élancent donc hors du labyrinthe grâce à leurs ailes en cire et en plumes, survolant de magnifiques paysages. Mais, prenant de plus en plus d’altitude, malgré les conseils de son père, Icare s’approche dangereusement du soleil et la cire de ses ailes se mit à fondre. Le pauvre garçon est précipité dans le vide et tombe dans la mer. Son manque d’expérience et de sagesse cause sa perte.  

Le mythe d’Hélios et Phaéton : Dans la Grèce antique, Hélios, dieu du Soleil, parcoure le ciel aux commandes de son char de feu tiré par quatre chevaux ailés, les chevaux du Soleil. Son fils Phaéton lui demande un jour la faveur de conduire son char et malgré ses réticences, Hélios accepte. Mais s’apercevant du changement de leur conducteur, les chevaux se détournent de leur route, montent trop haut dans le ciel puis redescendent trop bas, ce qui fait brûler les montagnes. Pour mettre fin à ces problèmes, Zeus, le dieu des dieux de l’Olympe, foudroie Phaéton.

Le mythe de Pégase et de Bellérophon : Pégase est le plus connu des chevaux ailés et la mythologie grecque donne son nom à une constellation. Pendant qu’il s’abreuve un jour à une source, Pégase est capturé par Bellérophon qui, grâce à lui, gagne plusieurs batailles. Mais grisé par ses victoires, Bellérophon veut s’élever haut dans le ciel sur sa monture. Piqué par un taon, Pégase le désarçonne et devient le cheval de Zeus.

Au-delà de la mythologie grecque, d’autres mythes évoquent aussi le rêve de voler qui a toujours fasciné les hommes.

Ainsi, selon la tradition islamique, le Burak est un coursier fantastique venu du paradis, qui est la monture des prophètes. La légende la plus connue du Burak remonte au VIIe siècle : ce cheval ailé est amené par l’archange Gabriel au prophète Mahomet pour un voyage aller-retour entre la Mecque et Jérusalem à la vitesse de l’éclair. Selon la légende, le Burak a aussi porté Abraham lorsqu’il a rendu visite à son fils Ismaël à la Mecque. Le Burak est souvent représenté dans l’art musulman avec une tête de femme, un corps de cheval, des ailes et une queue de paon.

Dans plusieurs traditions religieuses, le ciel incarne le paradis.

Et dans la tradition orientale, le paradis est lui-même représenté par un jardin merveilleux, un jardin idéal orné de fleurs dont les quatre coins représentent les parties du monde qui entourent un centre agrémenté d’une vasque et d’un jet d’eau.

Au VIe siècle, en Perse (Iran actuel), on crée des tapis pour représenter ce monde parfait. Ces tapis précieux sont appelés tapis de cour.

Après cela, les légendes orientales évoquent des tapis volants.

Que signifient les tapis volants ?

Il s’agit d’un moyen symbolique de se libérer de l’adhérence au monde et de le parcourir, de se déplacer dans l’imaginaire, de dépasser les frontières du fini et de l’infini. Dans ma mythologie perse, le Roi Salomon reçoit un tapis volant de la Reine de Saba qui est magicienne. Il peut y transporter son palais tout entier.

Parmi ces légendes, la plus connue est celle des Contes des Mille et Une Nuits. Ces contes sont très anciens et on pense qu’ils proviennent de la tradition orale indienne et iranienne. Au XIIIe siècle, ils sont écrits et diffusés dans le monde arabe avant d’être traduits au XIXe siècle par le Français Antoine Galland. Grâce à cette traduction, les contes connaissent un immense succès en Europe. Ces contes mêlent une foule de personnages sortis de l’imagination de Shéhérazade.

En voici la trame narrative : Pour punir sa femme de son infidélité, le Sultan Shahryar décide de la tuer. Afin de ne plus connaître un tel problème, il décide de faire mourir chaque matin la femme qu’il aura épousée la veille. Quand vient le tour de Shéhérazade, la fille du Grand Vizir, elle se met à raconter au Sultan une histoire sans fin dont la suite est toujours reportée au lendemain. Le Sultan reporte alors chaque jour son exécution afin de connaître la suite du récit de la nuit précédente. Peu à peu, Shéhérazade gagne ainsi la confiance du Sultan qui renonce à la tuer.

L’Hubris aujourd’hui

Quelques exemples ?

Pendant plus d’un siècle, la révolution industrielle a introduit des machines dans les processus de construction et de fabrication. Par la suite, la révolution informatique a considérablement modifié nos échanges et nos conditions de travail en traitant une incroyable masse d’informations et de données. Jusqu’à présent, les humains sont restés les maîtres du jeu et nos sociétés se sont fort enrichies de ces progrès. Mais les nouvelles technologies arrivent actuellement à un tel niveau de développement et de puissance qu’elles risquent de nous faire basculer dans une nouvelle ère où les drones et autres robots envahiront notre quotidien et toucheront les industries de services, du transport, de la logistique et de la sécurité. De nombreux secteurs d’activités en seront immanquablement bouleversés, d’autres se développeront grâce à leur capacité d’innovation.

Restent heureusement les métiers difficiles à mécaniser, ceux qui nécessitent des qualités relationnelles et créatives, sans compter les nouveaux métiers dont on ne sait rien encore.

Reste enfin notre capacité à nous prononcer sur ces machines « intelligentes », sur leurs usages et les risques qu’ils font courir.

L’exemple des drones : il ne se passe plus un jour sans qu’on évoque les drones, drôles d’engins volants soumis à une autorité distante qui leur envoie des ordres ou qui sont téléguidés par un opérateur.

Antidotes au terrorisme international, remèdes à nos peurs et à notre sentiment d’insécurité ou jouets à la mode, nous ignorons encore le cadre global et l’étendue réelle de leur utilisation.

Leur appellation vient de l’anglais ancien dran qui désigne le faux bourdon, cet insecte mâle et velu, doté de gros yeux et dont les battements d’ailes sont bruyants : avec les bourdons, les premiers drones avaient en commun une certaine lenteur, le bruit et des ailes plates.

Plus largement, les formes animales offrent une quantité de modèles originaux et la plupart des petits drones tiennent indéniablement de l’insecte, dont le gerris, cet insecte capable de se maintenir à la surface de l’eau grâce à ses quatre pattes hydrofuges. Les drones multi-rotors à six ou huit bras font davantage penser à des araignées ou à des frelons, tandis que les grands drones évoquent des oiseaux aux ailes profilées pour planer. La plupart de ces derniers sont militaires, munis de missiles ou de caméras, le tout téléguidé par un pilote à l’aide d’une liaison satellite.

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